LE PROJET DE DÉVIATION DANS LA VALLÉE D’YTRAC ET LE BASSIN AURILLACOIS
UNE ANALYSE DES BENEFICES ESCOMPTES
Le projet de déviation de la RD120/RN122 consiste en la construction d’une route 2x2 voies reliant la RN122 “à hauteur des nouvelles zones d’activité d’Esban et la Sablière [...] jusqu’au rond-point qui dessert les directions St Paul des Landes/La Roquebrou d’une part et Jussiac-Mauriac d’autre part”.
Cette description est celle figurant dans un article de L’Union du Cantal du 16 janvier 2021. L’article ajoute que cela permettra de contourner le “Pas du Rieu” (pour les habitants venant de St Paul des Landes et Laroquebrou) ainsi que le boulevard du Vialenc, autrement dit la RD120, pour les habitants de Jussac (et pour ceux de Mauriac mais cette commune est tout de même située à près d'une heure de route…).
Nous allons démontrer ici que l’unique intérêt de cette route consiste à faciliter l’accès aux zones d’activité d’Esban et de la Sablière pour les habitants de Saint Paul des Landes, Laroquebrou, Jussac (Mauriac est à une heure de route...), depuis le rond-point des Quatre chemins et en évitant de passer par la RD120+RN122 (trajet actuel en bleu sur la carte ci-dessous), et ce à un coût inexplicable au regard de ce maigre intérêt pour le bassin Aurillacois dans son ensemble.
I - Le projet de déviation n’améliore pas la performance des itinéraires d’intérêt régional
Les itinéraires d’intérêt régional sont identifiés dans le SRADDET. Lors du développement de ses infrastructures de transport, le département doit ainsi prendre en compte l’amélioration de la performance de ces itinéraires.
Tels que présentés axe par axe dans le SRADDET, ces itinéraires d’intérêt régional comprennent :
L’axe Aurillac--Montsalvy ; L’axe Montvert--Aurillac ; L’axe Bort-les-Orgues--Aurillac ; L’axe Madic--Murat ; L’axe Murat--Saint-Flour ; L’axe Saint-Flour--Frontière Aveyron (D921).
La performance d’aucun de ces itinéraires n’est donc améliorée par le projet de déviation. La liaison RN122-RD120 ne participe donc pas au désenclavement du territoire et ne constitue pas un projet routier d’intérêt régional.
II - Le projet de déviation n’améliore pas la performance des itinéraires intra et extra-départementaux depuis les villes en expansion que sont Ytrac et Naucelles.
A- NAUCELLES
Le projet de déviation n’améliore la performance d’aucun itinéraire depuis Naucelles vers les villes de Tulle, Toulouse, Mauriac et Clermont Ferrand, non plus, donc, que vers les autoroutes A20 et A75.
Le projet de déviation est seulement susceptible de faire gagner 1 à 2 mn pour se rendre de Naucelles à Figeac (mais n’améliore en aucun cas le trajet de Naucelles vers Aurillac, qu’il s’agisse de sa périphérie, de son aéroport ou de son centre-ville).
B- YTRAC
Le projet de déviation n’améliore la performance d’aucun itinéraire depuis Ytrac vers les villes de Tulle, Toulouse, Figeac et Clermont Ferrand, non plus, donc, que vers les autoroutes A20 et A75.
Le projet de déviation est susceptible de faire gagner quelques secondes (!) de trajet pour se rendre d’Ytrac à Mauriac (mais n’améliore en aucun cas le trajet vers Aurillac, qu’il s’agisse de sa périphérie, de son aéroport ou de son centre-ville).
En revanche, avec un ou deux nouveaux ronds-points, il rallongerait indiscutablement le trajet entre Ytrac et Aurillac, pratiqué quotidiennement par de nombreux habitants.
III - A l’échelle du territoire du SCOT, la déviation n’améliore aucunement les liaisons vers l’A75, l’A20 et l'A89.
Le projet de déviation n’améliore aucunement les liaisons vers les autoroutes A20, A75 et A89 depuis les communes du bassin d’Aurillac, du Carladès et de la Châtaigneraie (aire au sein de la zone en pointillé bleu sur la carte).
Il est donc faux d'affirmer que le projet participe d'un quelconque désenclavement du bassin Aurillacois !
IV - Le projet de déviation a donc comme unique intérêt de faciliter l’accès aux nouvelles zones commerciales d’Esban et de la Sablière pour un nombre limité d’habitants et un gain de temps négligeable.
A- Une amélioration négligeable pour les habitants de Saint-Paul des Landes et Laroquebrou.
Comme on le note sur les cartes, non seulement le gain de temps est négligeable mais le contournement du “Pas du Rieu”, présenté comme un avantage, ne semble pas être un argument pertinent dans la mesure où la déviation de Sansac en cours d'achèvement passera par ledit carrefour !
B- Une amélioration négligeable pour les habitants de Naucelles et Jussac.
Seuls les habitants de Naucelles et Jussac qui souhaitent se rendre dans la nouvelle zone commerciale de la Sablière sont susceptibles de gagner une à deux minutes sur leur temps de parcours.
CONCLUSION
Les arguments avancés pour la construction de cette déviation ne reposent sur aucun besoin réel des populations : pas d'amélioration du désenclavement du bassin aurillacois à l'échelle départementale ou régionale, pas de gain de temps réel sauf pour quelques personnes se rendant aux zones commerciales d'Esban et la Sablière... 30 millions d'euros pour faire gagner quelques secondes aux consommateurs pressés ? Mac Donald's n'en demandait pas tant...
Il est clair que le coût financier (30 millions d'euros sans compter les futurs coûts d'entretien), agricole (30 hectares de terres agricoles) et écologique (en opposition totale avec les engagements de la Convention Citoyenne pour le Climat visant à lutter contre l’artificialisation des sols) sont bien trop importants pour des bénéfices inexistants de ce projet.
NON A LA ROUTE !